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éditorial

Frédéric Rauch

En 2017, relever la tête

d’année 2017, restaurer les marges des entreprises, ces mesures de
En ce début toute l’équipe réduction des coûts fiscaux et des contraintes comp-
d’Économie et Politique tient à vous souhaiter la réali- tables de l’investissement des entreprises n’aura que
sation de vos attentes et vos ambitions les meilleures, grandement facilité les investissements de substitu-
pour vous et vos proches. tion des effectifs visant avant tout à réduire les coûts
Néanmoins, difficile d’en dire plus. Car pour ceux salariaux. Elles n’auront pas relancé l’investissement
qui aspirent à de nouveaux jours heureux, formuler d’innovation toujours en berne.
les traditionnels vœux de ce début d’année 2017 Enfin, les comptes sociaux et publics ne sont pas
n’est pas chose aisée. Loi Travail, violences policières, assainis. Au-delà des manipulations statistiques
attentats, guerres, 2016 n’a ouvert sur aucune amé- des projections de croissance du gouvernement
lioration significative pour les gens, ni pour la sortie dénoncées jusque par le Haut Conseil aux finances
de crise et le développement du pays. En Europe et publiques, si la LFSS pour 2017 témoigne d’un
dans le reste du monde, 2016 restera aussi l’année déficit étrangement faible, c’est tout simplement
de l’incapacité à définir le chemin d’une sortie de parce que la prise en charge collective se réduit plus
crise économique et sociale par le haut, et s’est ache- rapidement que le rythme des recettes, malgré les
vée sur l’émergence d’une sorte « d’internationale besoins sociaux toujours plus grands. Le pire se
populiste », avec le Brexit puis la nomination de D. prépare avec les projets, issus des horizons les plus
Trump à la Maison Blanche. Bref, 2016 n’aura pas divers, qui annoncent la fiscalisation des cotisations
ouvert l’horizon. sociales, c’est-à-dire la prise en charge du financement
Pourtant, il en est encore pour dire l’inverse. Que de la protection sociale par la collectivité, alors que les
ça y est, nous toucherions au but, que le bout du cotisations sociales patronales sont un prélèvement
tunnel ne serait pas loin… chômage en baisse, sur les profits. C’est mettre en péril la Sécurité sociale
Économie et politique/novembre-décembre 2016/748-749
investissement productif en hausse, comptes publics dans son ensemble
et sociaux assainis… La blague est trop éculée pour Les politiques de baisse du coût du travail ont fait
être encore drôle… la preuve de leur nocivité. Quand les luttes sociales
Non, le chômage ne baisse pas, il augmente. En auront-elles la force d’imposer des politiques qui
France, en novembre 2016, les demandeurs d’emploi s’attaquent, par des mesures concrètes, à la vraie
tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi cause des difficultés de l’économie, le coût du capi-
étaient 93 900 de plus qu’en novembre 2015 ! Soit tal ? Il y a urgence car tout est en place pour une
1,5 % de plus et un total de 5,478 millions de crise financière, économique, sociale pire que celle
personnes. La précarité s’amplifie. Le pays compte de 2007-2008.
désormais plus de 3,2 millions de salariés précaires L’année 2017 va déterminer non seulement la
(12,3 % des emplois). Parmi lesquels, 1 million de politique du pays pour les années à venir, mais aussi
travailleurs pauvres (moins de 800 euros par mois l’avenir du mouvement progressiste et en son cœur
de salaire). « La vie est précaire, l’amour est précaire, celle du PCF, pour les décennies à venir.
alors pourquoi pas l’emploi… », le Medef l’avait rêvé, Entre la tentation du repli nationaliste et xénophobe
il peut se réjouir, nous y sommes. de l’extrême droite, la fuite en avant ultralibérale
L’investissement productif non plus n’est pas en derrière une droite revancharde ou la poursuite
hausse. Si les premiers mois de 2016 ont été marqués de la politique sociale-libérale, la bataille sera rude
par la montée en charge des mesures en faveur du pour porter les éléments concrets d’une alternative
sur-amortissement sur l’investissement des entre- convainquant les Français de faire un autre choix. La
prises (+1,6 %), celui-ci n’a cessé de régresser ensuite droite et l’extrême droite sont lancées à fond dans
(-0,3 % à chaque trimestre suivant). Instituées pour cette campagne électorale, décidées à taper encore