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Actualités France/Europe/Monde


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                        Si, en 2016, avec le changement progressif des condi-  sième, il ne progresserait que de 0,4 % au dernier,
           8. INSEE, op.   tions internationales, un freinage est intervenu au 2   selon l’INSEE .
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           cit.         trimestre (-0,6 % pour les entrepreneurs individuels
           9. Elle permet   et -1,8 % pour les sociétés non financières), le taux   Le ressaut enregistré par l’INSEE pour le quatrième
           aux entreprises   de marge (EBE/valeur ajoutée) ou « part des profits »   trimestre 2016 traduit, certes, le maintien, pour
           d’amortir les   aura continuer d’augmenter à 31,8 %, après 31,4 %   l’heure, de conditions financières avantageuses pour
           biens acquis                                             celles des entreprises ayant accès au crédit bancaire
           ou fabriqués   en 2015. Certes, ce n’est pas le sommet de 2007, mais   ou au marché financier, du fait des bas taux d’intérêt.
           à hauteur de   il n’était que de 29,9 % au quatrième trimestre 2013.  Mais, surtout, le climat des affaires s’est amélioré
           140 % de leur   Or l’investissement matériel n’arrive pas franchement  nettement en décembre 2016, traduisant des anti-
           valeur, ce qui   à décoller. La formation brute de capital fixe (FBCF)  cipations positives sur la demande, toute chose égale
           leur apporte   des entreprises non financières a accéléré, certes, en  par ailleurs.
           un important   2015 (+1 %) et jusqu’au 1  trimestre 2016 (+1,9 %).
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           avantage tant   Mais elle a chuté aux deux trimestres suivants (-0,2 %   Cependant le taux d’utilisation des capacités de
           en termes de                                             production, qui atteignait 83,8 % en juillet 2016,
           trésorerie que   et -0,4 % respectivement) pour, prévoit l’INSEE, se   est retombé à 82,9 % en octobre, au niveau de sa
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           de rendement.   redresser légèrement au quatrième (+0,5 %) .  moyenne de longue période (82,9 %), mais très en
           Avant même   Le freinage est encore plus fort pour l’investissement  deçà de celui atteint courant 2007, proche de 87 % .
                                                                                                            11
           qu’ait été   en produits manufacturés, malgré la très coûteuse   Par ailleurs, l’évolution des effectifs prévue par les
           décidée une   mesure de sur-amortissement  accordée aux indus-  industriels demeure orientée à la baisse. Autrement
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           prolongation   triels par le gouvernement Valls qui, prolongée
           du sur-amortis-  jusqu’en avril 2017, s’ajoute aux cadeaux du CICE   dit, les investissements matériels réalisés visent sur-
           sement fiscal,   et du pacte de responsabilité. Après avoir reculé de   tout à gagner en productivité apparente du travail
           cette disposition  0,3 % au deuxième trimestre, puis de 3,2 % au troi-  via des suppressions d’emploi et le resserrement de
           devait coûter                                            la masse salariale. Cette pratique, qui vise à accroître
           au budget de                                             la rentabilité financière des capitaux, conduit, avec
                                                                    les technologies de la révolution informationnelle,
                                                                    à plus de destructions d’emplois que de créations.
              Taux de marge et d’investissement des sociétés        En réalité, tout indique que les entreprises françaises,
                non financières (en % de la valeur ajoutée)         qui ont retrouvé leur profitabilité, ont privilégié le
                                                                    redressement de leurs marges bénéficiaires à celui du
                                                                    volume des ventes .
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                                                                    on mesure combien les baisses de coût salarial de
                                                                    l’emploi encouragées par la politique Hollande-Valls
                                                                    et la pression accrue du chômage sur le marché du
                                                                    travail ont servi à cela avant tout, au lieu, comme
                                                                    on nous l’avait annoncé, de déverrouiller l’inves-
                                                                    tissement et d’augmenter la qualification avec la
                                                                    formation des salariés.
                                                                    En bonne logique patronale, cela pourrait se com-
                                                                    prendre. En effet, la demande intérieure française,
                                                                    comme la demande internationale adressée à la
                                                                    France, sont très insuffisantes du fait de l’ampleur
                                                                    du chômage, des politiques d’austérité en Europe
                                                                    et de la violence des affrontements concurrentiels
       Economie et politique/novembre-décembre 2016/748-749
                                                                    pour les parts de marché par surenchères à la baisse
                                                                    du « coût du travail ».
            Source : Alterecoplus data.

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                                                                       et coût salarial unitaire du secteur
                                                                      manufacturier (base 100 en 2002;1)
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