Page 6 - Eco_Po_748_749_Complet2
P. 6
Actualités France/Europe/Monde
5
4. Le salaire
Le CICE et le pacte de responsabilité sont emblé- Si, sous l’effet de créations d’emplois majoritairement réel cor-
matiques de ce tournant majeur avec, à la clef, un précaires, les salaires nominaux dans les branches respond
allégement de cotisations sociales et d’impôts pour marchandes ont crû, en moyenne annuelle, en au pouvoir
les entreprises de 40 milliards d’euros. 2016 comme en 2015 (+1,5 % après +1,6 %), leur d’achat du
Cette stratégie devait permettre aux entreprises ralentissement, d’ici la mi-2017, se conjuguerait à salaire nomi-
installées dans l’Hexagone de conquérir de nou- un regain d’inflation engendré par le relèvement nal (inflation
velles parts de marché en Europe et dans le monde du prix de pétrole pour fragiliser le pouvoir d’achat déduite). Au-
trement dit,
dans un affrontement fratricide de la France avec des salariés. le salaire réel
l’Espagne et l’Italie, elles-mêmes engagées dans cette Dans les sociétés non financières, le salaire réel par représente
4
course folle, sous la surveillance étroite de Bruxelles, tête a diminué de 0,3 % en moyenne par trimestre la quantité
Francfort et Berlin. Elle devait, en même temps, en 2015, alors que la productivité apparente du de biens et
accentuer l’attraction de capitaux flottants vers la travail a progressé de 0,125 %. En 2016, le salaire de services
place financière de Paris. réel par tête a diminué de 0,15 % en moyenne par qu’un agent
Les espoirs de réussite de cette démarche étaient trimestre, quand la productivité du travail progres- peut acheter
avec son
5
d’autant plus grands que, à partir de la fin 2014 et sait, elle, de 0,3 % . salaire nomi-
jusqu’à il y a peu, trois paramètres internationaux nal.
se conjuguaient pour, affirmait l’Élysée, la rendre à C’est dire le caractère récessif des politiques salariales
coup sûr gagnante : de bas prix du pétrole, de bas que le gouvernement s’évertue à encourager : aucun 5. Op. cit. ibi-
dem, p. 136.
taux d’intérêt et un affaiblissement du taux de change coup de pouce n’a été donné au SMIC depuis celui
de l’euro. Les observateurs bien pensants parlaient de mai 2012. Pour 2017, il n’augmentera que de 6. OCDE
données :
alors de « bon alignement des planètes ». 0,93 % portant le SMIC mensuel net (à 35 heures) prévisions de
à 1 153 euros ! C’est notamment sur cette base, que
C’est, au final, un énorme fiasco, alors même que, l’INSEE peut alors prévoir, pour le 1 semestre 2017, la demande
er
désormais, « les planètes » se désalignent. un nouveau recul du salaire réel par tête de 0,1 % en intérieure
moyenne trimestrielle et une augmentation de 0,1 % (<data. oecd.
org/fr/gdp/
Chômage : l’échec crucial de la productivité. Dans le même temps, l’Espagne previsions-
Fin octobre 2016, la France comptait 535 200 chô- a décidé d’augmenter son salaire minimum de 8 % de-la-de-
meurs de catégorie « A » de plus que fin juin 2012 tandis que le Royaume-Uni et l’Allemagne ont mande-inte-
et 759 000 de plus, toutes catégories confondues . décidé d’accroître le leur de 4 %… rieure. htm>).
1
Certes, l’emploi salarié marchand a encore aug- Comment s’étonner alors de l’insuffisance rémanente 7. INSEE,
menté au troisième trimestre 2016 (+51 000 après de la demande intérieure en France ? Elle n’aura crû op. cit.
+29 000), mais il a été surtout porté par l’intérim et que de 1,25 % en moyenne annuelle depuis 2012,
des contrats très précaires . Quant à l’emploi mar- avec une légère accélération en fin de période. Et,
2
6
chand, sa croissance plus modérée n’a été soutenue selon l’OCDE , elle ne croîtrait que de 1,5 % en
que par la multiplication très électoraliste des emplois 2017, contre 2 % pour les pays de l’OCDE. Rap-
aidés, notamment du plan de mise en formation de pelons qu’en 2008, en France, la moyenne annuelle
500 000 demandeurs d’emplois. était supérieure à 2,7 %.
Au total, une infime baisse du taux de chômage (-0,2
point à 10 %) a eu lieu entre le 1 et le 3e trimestre Profits en fête investissement en peine
er
2016. À ce train-là, relève l’INSEE , il s’élèverait L’excédent brut d’exploitation (EBE) des entreprises,
3
encore à 9,8 % de la population active à la mi-2017, après avoir crû de 0,2 % en 2013, a progressé de
alors qu’il était à 7,1 % en 2008. 2,3 % en 2014 et 4,9 % en 2105 .
7
Source : Pôle emploi. Economie et politique/novembre-décembre 2016/748-749